Une Magie teintée de poison, narré à la première personne et au présent, nous place au côté de Ning, une adolescente bien décidée à trouver un moyen de sauver sa sœur, victime d’un empoisonnement qui a déjà coûté la vie à leur mère. Cette dernière leur a transmis une partie de son savoir, celui d’une shennong-shi, qui pratique la magie du thé.
L’univers présenté par l’autrice s’inspire essentiellement de la Chine impériale, un choix tout à fait bienvenu, qui change un peu des canons du genre et du Moyen Âge européen, toujours surexploité. L’utilisation du thé est elle aussi plutôt originale, avec quelques descriptions soignées des saveurs de différentes variétés.
Toutefois, le roman souffre d’un démarrage un peu lent, qui manque de proximité avec le personnage principal : les éléments qui nous sont présentés sont très (trop) factuels et ne favorisent pas une immersion rapide. Il manque ces petites touches qui permettent de se faire d’emblée une idée de la personnalité de Ning et qui donneraient envie de la suivre.
Malheureusement, ce souci de rythme ne s’améliore pas vraiment par la suite. Si quelques passages parviennent à être plus captivants, notamment les épreuves du concours auquel Ning participe, le soufflé retombe vite et l’ensemble peine à emporter le lecteur. Les quelques facilités scénaristiques renforcent d’ailleurs cette impression – le début de romance fait lever les yeux au ciel tant sa mise en scène relève du cliché. Le souci tient peut-être simplement à cela : l’histoire que nous conte Judy I. Lin n’est, malgré son univers et sa magie qui sortent du lot, pas originale pour deux sous.
Ce qui serait parfaitement secondaire si la narration était solide devient presque ennuyeux et nuit à l’appréciation globale : lorsque vient le moment de refermer l’ouvrage, on sait déjà qu’il sera vite oublié. À voir si le deuxième tome corrige le tir.
— Erkekjetter