Les Cœurs de Ferraille se présente ouvertement comme une série de "contes familiaux et modernes".
Aussi ne faut-il pas se montrer surpris, ou en tout cas, pas plus de quelques secondes, que ce tome 2 ne soit pas la suite du premier et n'entretienne que des liens éloignés avec celui-ci. Toutefois, on retrouve bien sûr le même univers, et la même époque, avec ce Sud des Etats-Unis à la fin du 19e siècle, avec tout ce que cela implique de contexte historique, même si nous évoluons dans le cadre d'une uchronie, à l'image de tous les robots qui peuplent villes et campagnes.
Cette nouvelle histoire, ourlée avec soin, touche avant tout par son caractère intimiste, lorsque l'on reste dans les pas ou les yeux du personnage d'Eva. La grande histoire qui prend place en arrière-plan tout en influençant celle des personnages, elle, force parfois un peu trop le trait. Ainsi, l'expression "grand remplacement" est littéralement utilisée dans l'album.
Heureusement, globalement, le scénario s'avère tout de même un peu plus subtil que cet exemple. Quant au coup de crayon de Munuera, c'est toujours un délice à contempler, pour ne pas dire admirer. Il y a dans cette rondeur un supplément d'âme qui aide aussi, il faut bien le dire, à "faire passer", on pensera notamment aux jeunes lecteurs, des thématiques mines de rien assez dures et marquées. Il y a évidemment toute cette question très actuelle de la création et de l'intelligence artificielle (puisqu'il est notamment question d'un robot écrivain), de la nature de celle-ci, de ses attributs, mais, comme dans le tome 1, de fait, du racisme avant tout.
Une belle histoire, bien racontée, souvent avec pertinence, et qui profite d'un très joli écrin.
— Gillossen