Eric Amon, déjà auteur de L'éveil des chimères, s'est lancé cette fois dans un roman one shot qui mêle à parts égales fantasy et espionnage. En dépit d'une couverture moyennement inspirée, le synopsis de ce titre s'avère intrigant, avec une thématique et un genre qui ne sont pas les plus usités dans le monde de la fantasy francophone.
L'histoire, qui se construit crescendo au fur et à mesure de la difficile mission d'infiltration du narrateur, est bien travaillée, avec son lot de surprises et de rebondissements. Les complots se dévoilent par couches à compter de la moitié du roman, menant à d'autres complots et complexifiant l'écheveau d'intrigues dans lequel se débat le héros pour mener sa mission. Pour y arriver il doit se confronter à une bande de hors la loi hauts en couleurs. A travers les yeux du principal protagoniste, ces derniers s'avèrent suffisamment complexes et intrigants pour s'attacher à leurs péripéties et à leurs revers de fortune.
Toutefois deux défauts limitent au final l'immersion ainsi que la suspension d'incrédulité du lecteur.
Tout d'abord, le style de l'auteur est travaillé et complexe, mais il s'avère particulièrement lourd avec pléthores de figures de style qui font un peu catalogue et tombent parfois à plat. Ajoutez à cela quelques longueurs au début et vous vous retrouvez avec des difficultés pour avancer dans l'intrigue, même si elle est plutôt bien construite au demeurant.
L'autre problématique tient paradoxalement au héros/narrateur qui donne une impression de toute puissance et de détachement. Il est ainsi très difficile de s'attacher au personnage principal qui parle à la première personne, dispose par moment d'un point de vue omniscient et qui manque singulièrement de charisme.
De fait, ces défauts limitent malheureusement l'immersion dans un récit qui nous laisse donc en fin de compte sur le bord du chemin.
— Belgarion