Légende est vraiment un livre très, très reconnu en Angleterre, je le répète. Et il y a de quoi, car les qualités sont là : c'est vif, on est pris dans l'ambiance désespérée, parfois désespérante, de ce monde en déliquescence. Les personnages sont vivants comme rarement, et ce quel que soit le type de roman... Certains éléments apportent également une dose d'originalité, comme les Trente, des moines guerriers visionnaires, peut-être même la plus grande trouvaille du livre... C'est pourquoi, selon moi, Serbitaï est plus intéressant que Druss, vieux guerrier bourru très prévisible. Néanmoins, tout n'est pas parfait, ce qui m'empêche d'accorder une totale adhésion au roman de Gemmel : d'abord, beaucoup de choses sont négligées pour ce qui concerne la profondeur du monde, cette bataille pourrait se passer dans n'importe quel univers de Fantasy tiré de Donjons & Dragons si vous voyez où je veux en venir. L'histoire tient plus par les figures héroïques ou non des personnages, que par son intérêt en lui-même. C'est en cela que la comparaison avec Eddings est pour moi bien flatteuse. Dans le ton, oui, quelque peu. Dans la façon dont il maîtrise les différents aspects de son monde, non ! Ensuite, l'auteur prend certaines libertés tranchant totalement avec l'ambiance instaurée (comme s'il reniait l'âpreté des faits narrés), et sans déflorer le suspense, sachez que certains éléments rappellent trop un happy-end, même désabusé...
Toutefois, au final, Bragelonne réussit encore un joli coup, et inaugure vraiment sa naissance avec un rafraîchissant trio. Sans être un chef d'œuvre, Légende vous fait passer un très bon moment. Et mine de rien, on y trouve à réfléchir...
— Gillossen