Les lecteurs assidus de l’œuvre de Mara ne pourront que remarquer la similitude entre le troisième tome de cette série et celui de la précédente, Clues : un volume constitué d’un long flashback afin d’éclaircir les secrets de la génération précédente avant de conclure l’intrigue dans un quatrième et dernier tome.
En réalité nous sommes conviés ici non pas à un mais deux flashbacks entrelacés tandis qu’Arthur Arroway relate à Ian Davenport sa rencontre avec Anya Eisenstern tandis que celle-ci donne de son côté à Nell et Mary sa version des événements.
La confrontation des points de vue n’est pas aussi contradictoire que ce à quoi l’on pourrait s’attendre mais très vite, le récit d’Anya prévaut car plus complet et objectif. On retourne donc en 1906 dans le Maine pour découvrir comment les études conjointes puis séparées d’Arthur et Anya ont pu entraîner tragédies et meurtres au cours des années qui ont suivi alors que la jeune scientifique tente de s’intégrer à l’université et croise la route de Lucas, un étudiant qui cache un lourd secret.
Peu d’humour dans ce tome qui bénéficie d’une petite ambiance gothique grâce au cadre de l’université et à une scène marquante de séance de spiritisme. Le fond est sombre, abordant notamment le thème des violences conjugales, et l’on sait d’avance que l’histoire d’Anya ne peut avoir une fin heureuse. Quant au dessin de Mara, s’il peut de prime abord sembler en décalage avec un propos qui n’a rien d’enfantin, il se marie bien avec l’atmosphère posée et gagne chaque fois un peu plus en maîtrise.
La structure choisie implique nécessairement que l’intrigue principale fasse du surplace et si l’on a en tête le cliffhanger du tome précédent, il faudra encore se montrer patient avant d’en connaître la résolution. On n’est cependant pas là devant un pur tome de remplissage puisqu’en plus de proposer une histoire d’amour fort contrariée, on offre pas mal de révélations aux lecteurs et aux protagonistes qui ne seront pas de trop pour aborder un dernier tome qui s’annonce dense.
— Zakath