Et revoilà le prolifique Bernard Werber, qui poursuit son parcours atypique dans le panorama de la littérature française, souvent à la croisée des genres, et sans oublier d'adresser à ses lecteurs des leçons de choses, voire de philosophie...
Cette entame de trilogie ne déroge pas à la règle, d'autant plus que l'on retrouve les héros des Thanatonautes et de l'Empire des anges, - sans doute les deux meilleurs romans de l'auteur - Michael Pinson en tête. Les voilà maintenant devenus élèves dieux, dans une cité perdue au milieu de l'océan, et recélant force créatures chimériques et autres monstres de légende, sans parler évidemment des dieux eux-mêmes, et de l'aura de mystère les entourant, eux et leurs cours.
Un concept assurément excitant et plein de promesses, dont on serait pourtant tenté de dire une fois le roman refermé qu'il n'est qu'à demi réussi. Car après une introduction claire, et permettant y compris au lecteur novice de prendre le train en marche s'il le désire, Werber, notamment durant un second tiers de roman aux allures de partie de jeux vidéo façon Populous, entrecoupée de banalités, s'enlise, au point d'en devenir tout simplement irritant, notre candide héros le premier là encore. La perspective de mise en abime du récit à travers le prisme de l'évolution de la nature humaine et ses aspirations, les parallèles évidents avec notre histoire, ou les allusions au fait de se retrouver comme dans un roman, tout cela ne fonctionnant pas à plein, ce qui joue là aussi sur l'intérêt fluctuant. Certaines séquences perdent également de leur impact potentiel, du fait de la présence trop envahissante de l'auteur, par le biais de sa célèbre Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu, soulignant des messages pourtant déjà limpides...
Heureusement pour le lecteur, le dernier acte nettement plus consistant redresse la barre, et attise suffisamment la curiosité pour avoir envie d'en connaître plus, d'autant que l'auteur ne pouvait pas choisir "pire" moment pour interrompre sa prose. Toutefois, ceux qui se sont lassés de la "formule Werber" ne doive pas s'attendre à la voir renouveler en profondeur, quand bien même le cadre se fait ici plus fantasy...
— Gillossen