Projet multi-supports porté par un seul et même homme à l'origine, l'écrivain Tow Ubukata justement, Le Chevalier d'Eon ne manque pas d'ambitions, la moindre desquelles n'étant pas de vouloir remettre au goût du jour le chevalier d'Eon, personnage ayant réellement existé.
Echaudés par certaines parutions issues là encore du Pays du Soleil Levant, pourtant précédées parfois d'une réputation flatteuse, il n'y avait donc pas de quoi accueillir ce roman à bras ouverts. Et pourtant... Avec trois traducteurs (!) sur la brèche, on pouvait également craindre une traduction assez étrange, et manquant de cohérence, mais cette version française se révèle en fait de bien meilleure facture qu'un Chronique de la guerre de Lodoss ou un Fullmetal Alchemist version roman.
De même, sur le plan de l'intrigue proprement dite, nous avons droit à une surprise plutôt bien troussée. On retrouve notamment le Paris - mais aussi Naples - de Louis XV, avec une petite touche de fraîcheur, voire de naïveté, finalement très japonaise dans l'âme. Bien sûr, même si le côté feuilletonnant est bien présent lui aussi, nous ne sommes pas pour autant dans un roman de Pierre Pevel - et qui sait ce qu'il aurait pu faire avec une telle histoire ! Et bien que très court, ce roman s'avère un peu plus consistant que ce que l'on avait prévu.
Un bémol tout de même : toutes ces énigmes et autres anagrammes, reposant en plus souvent sur une mauvaise maîtrise du français de l'auteur - mais peut-on vraiment lui en vouloir ? - et qui sont aussi répétitives que tirées par les cheveux.
Dans l'absolu, reste un ouvrage vite lu, mais pas forcément aussi vite évacué de nos mémoires, et qui mérite largement que l'on y jette un oeil avant de se décider quant à son éventuelle lecture.
Notons pour finir que la version anime et la déclinaison manga ne sont pas des redites du roman, mais respectivement une suite, et un prolongement de cette suite en question, chaque support jouant sur un angle bien précis, tout en conservant toujours ce parfum de récit historique teinté de fantasy et de mystère.
Pas d'arnaque en vue, donc !
— Gillossen