Les éditeurs français commencent petit à petit à regarder de plus en plus souvent vers autre chose que les sempiternelles traductions d’œuvres de langue anglaise ! Et entre deux parutions espagnoles ou italiennes, les ouvrages allemands creusent mine de rien leur trou de façon de plus en plus appuyée.
C’est au tour de Bragelonne, et de son nouveau label Milady, de tenter l’aventure, avec ce roman de Markus Heitz publié outre-Rhin en 2004. Que le roman ait été là-bas le plus gros succès de fantasy depuis... Orcs n’était cependant pas spécialement rassurant. La trilogie de Stan Nicholls n’est tout de même pas ce que l’on pourrait qualifier de chef d’œuvre du genre. Première constatation : si vous êtes un amoureux des Nains, vous ne serez pas dépaysés. L’auteur n’a visiblement pas pour ambitieux de révolutionner la vision classique que l’on se fait de cette race dans le paysage fantasy. Les Nains sont besogneux, vivent sous terre, travaillent le métal, détestent les Orcs, et l’on se pose également des questions sur leurs compagnes… Et il n’y a finalement aucun mal à cela !
On se laisse rapidement prendre dans les mailles (de mithril...) des aventures de Tungdil, un personnage sympathique, à mi-chemin entre un jeune Gimli et un Willow (ce qui ne veut pas dire qu’il ne possède pas sa propre petite personnalité… bien trempée !). L’action ne manque pas d’ailleurs, et c’est l’un des angles d’attaque choisi par l’auteur.
Il faut avouer qu’il y a de quoi faire dans ce domaine ! Markus Heitz a clairement choisi la carte du rythme, et d’une fantasy qui reste épique, pour explorer et donner vie à son monde. Il ne faudra donc pas chercher grande originalité autour du parcours – qu’il s’agisse d’un véritable voyage ou bien de son évolution – de Tungdil le Nain (et non pas Troglodyte, attention !). Mais, seul Nain dans un pays d’Humains, son parcours justement ne se fera pas en ligne droite. De quoi permettre au lecteur de s’attacher en fin de compte assez facilement aux pas de celui qui s’aspire qu’à être fidèle aux valeurs de son peuple sans pour autant se renier.
Notons aux passages que nos camarades américains et anglais ne découvriront ce roman qu’au printemps 2009 !
— Gillossen