Louise Cooper confirme le bon essai qu'elle a marqué avec le premier tome en prenant à bras-le-corps son histoire pour lui faire prendre de l'ampleur après l'avoir plaquée sur le papier.
Les événements avancent lentement, le temps que l'auteur déroule son intrigue patiemment. En effet, elle ne joue pas tant sur la carte de la surprise que sur la montée croissante des enjeux et le développement des différents héros. L'arrivée d'un Dieu dans le monde des mortels en cours d'histoire permet ainsi d'inclure une partie supplémentaire dans la vaste partie d'échec qui vise à prendre possession de la pierre d'Âme du Chaos tout en introduisant une plus grande touche de surnaturel dans un monde à l'équilibre déjà bouleversé par les tragédies. Quand on sait que l'équilibre entre l'Ordre et le Chaos constitue la pierre angulaire sur laquelle repose ce monde, on peut donc se demander avec intérêt de quel côté va pencher la balance désormais.
Il est cependant dommage que la figure de la méchante, Ygorla, ne soit pas plus crédible dans la menace qu'elle représente. Elle passe pour être une jeune fille gâtée et capricieuse qui ne pense pas à long terme, ce qui atténue considérablement son charisme potentiel face aux formidables adversaires qui vont l'affronter. Heureusement, comme dans sa première trilogie les personnages complexes et intéressants ne manquent pas avec Strann, Karuth ou encore les immanquables Yandros et Tarod, les Dieux du Chaos dont la folie et la sauvagerie sont parfaitement représentées.
Quand en plus le style d'écriture fluide est très facile à lire et évite de se perdre dans des digressions, on ne peut qu'apprécier ce nouvel écrit d'une auteur prolifique qui gagne à être connue par sa vision originale de la lutte entre l'Ordre et le Chaos. Au regard du rythme endiablé et enflammé de ses récits, on sait de quel côté elle penche.
— Belgarion