Troisième et dernier tome des Rois navigateurs, la Terre des brumes offre un dernier aperçu bienvenu des aventures de Seumas, Kieto, Homme Femme, Craig et tout ce panel hétéroclites de personnages hauts en couleur.
Cette fois l'heure de la confrontation avec les celtes a sonnée, et les océaniens entrent en guerre en lançant une gigantesque invasion au pays de leurs ennemis. Le ton est donné et change des deux premiers tomes qui s'apparentait plus à l'Odyssée d'Homère avec la visite d'îles merveilleuses au sein du folklore océanien. Ce tome est plus centré sur le choc des cultures entre les deux peuples qui affrontent une incompréhension mutuelle et met plus en avant les batailles et scènes de combat qui vont ponctué le rythme vif du roman.
Si on peut encore une fois regretter la caricature de certains travers celtes et du personnage de Douglass qui ne bénéficie d'aucune qualité, on peut en revanche apprécier la finesse d'esprit de l'auteur dans le traitement du récit. En alternant les points de vue entre personnages et en passant de l'intrigue locale de l'aventure de Craig et Hupa au conflit à grande échelle entre les peuples, il permet d'éviter toute lassitude et entretient le suspense jusqu'au bout. L'esprit si particulier des océaniens est encore une fois très bien représenté et respire l'atmosphère chaude et sensuelle de cette région du monde encore trop méconnue. Craig le demi sang et la vierge guerrière Hupa sont les archétypes des différents bords et illustrent parfaitement la distinction entre les peuples.
Cependant, l'affrontement final qui permet l'accomplissement de la prophétie manque de spontanéité et de vraisemblance et laisse penser à une certaine facilité de l'auteur pour ce passage.
Garry Kilworth parvient à clore en beauté sa trilogie qui respire sa passion pour l'Océanie. Avec une intrigue soutenue, une fin qui tient ses promesses et un caractère exotique omniprésent, on peut difficilement passer à côté de cette oeuvre atypique qui a le mérite d'allier originalité et qualité.
— Belgarion