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La parole aux maisons d’édition - la cuvée 2022 !

Par Gillossen, le dimanche 3 avril 2022 à 11:00:00

Les éditions de L'Homme Sans Nom - Dimitri Pawlowski

Alors que 2021 se termine à peine, quel serait votre premier bilan, à chaud, concernant votre maison ou la situation globale de l'édition en Imaginaire ?: Comme en 2020, l’année 2021 fut assez étrange, entre adaptation et prudence pour nous. De manière symbolique, en événementiel, 2020 s’était ouvert pour nous avec la Foire du livre de Bruxelles, qui fut vraiment un événement de bascule, que nous avons sentie même durant l’événement, et 2021 s’est terminée sur les Imaginales décalées fin octobre, avec un sentiment que les choses allaient peut-être enfin se diriger vers une forme de reprise. Car, pour les maisons indépendantes comme HSN, l’événementiel reste quelque chose d’assez central. Même si, fort heureusement, 2021 a aussi été pour nous une année où nous avons pu continuer à consolider notre présence en librairie dans notre partenariat avec Harmonia Mundi, qui nous a permis de traverser l’année sans trop de dommages. Malgré tout, nous avons réduit nos parutions à deux titres sur 2020, mais deux titres qui ont l’un et l’autre eu une magnifique réception, avec Célestopol – 1922 d’Emmanuel Chastellière, qui nous a offert les honneurs de notre premier papier dans Le Monde ! Et avec le second roman de Yann Bécu, L’Effet coccinelle, pour lequel la réception publique et critique a été à la hauteur de nos espoirs également. Je reviendrai dessus dans la dernière question, mais nous avons également dû malheureusement repousser une sortie à cause de la situation liée au papier.
Au final, et je pense qu’il en est de même pour la majorité des maisons d’édition en imaginaire, 2021 aura vraiment été sous le signe de la résilience, à mon sens.

2021 fut aussi une année de pandémie, comme 2020, mais ces deux années sont-elles très différentes l'une de l'autre à vos yeux ? Avez-vous retenu un événement ou une décision particulièrement marquants ?: Bon, m’étant un peu étalé avec la première question, certains éléments de ma réponse auraient parfaitement pu trouver leur place ici aussi ! Au final, j’ai le sentiment que les deux années ont été à la fois très semblables (même forme de paralysie autour de l’événementiel, nécessité d’une prudence évidente quant au rythme et au nombre de sorties, etc.), et très différentes (l’effet de « surprise » était passé, et on a appris à composer avec la situation, avec en plus des restrictions malgré tout moindres en 2021 qu’en 2020).
Ce qui est vraiment particulier est le sentiment qu’une année a peu ou prou « disparu », et la perception du temps et de son passage a complètement explosé : en même temps, des distorsions temporelles pour un éditeur d’imaginaire, ce n’est pas aberrant !
D’un point de vue événement ou décision, à part comme je l’évoquais au-dessus la reprise, même fragile, de l’événementiel, j’avoue que rien ne vient à l’esprit de manière évidente, si ce n’est comme je l’ai dit le sentiment que 2021 est passée à une vitesse affolante.

Quelle place pour la fantasy dans votre programme 2022 ?: Après 2020 et 2021 avec peu de fantasy (au final seul Les Chats des neiges ne sont plus blancs en hiver, de Noémie Wiorek, pour deux titres de SF et deux titres en fantastique), 2022 va être le retour de HSN aux « affaires fantasy » ! Et ce avec au moins deux titres ! D’une part Le Chant des géants, de David Bry, prévu pour avril ; un texte puissant et poétique, où l’on retrouve toute la magie de la plume de l’auteur, dont la carrière progresse à grands pas que nous sommes ravis d’accompagner. Le Chant des géants qui raconte la destinée de deux frères sur une île rêvée par des géants, entre batailles, trahisons, histoires d’amour, et destinée, est un texte qui présente l’intérêt remarquable d’être à la fois destiné aux amateurs du genre qui s’y plongeront avec délectation, et à un lectorat plus néophyte qui trouvera avec le texte une parfaite porte d’entrée.
Suivra sur mai/juin Le Journal intime d’un dieu omniscient (tout un programme, oui !), première incursion d’Adrien Mangold dans la fantasy, après deux romans de SF, Seconde Humanité et Prototypes. Et Adrien met toute sa rigueur et son exigence au service d’un texte extrêmement original, car son narrateur est ni plus ni moins que le dieu créateur d’un monde ! Une façon surprenante et très astucieuse d’introduire un univers particulièrement riche, entremêlant à la fois l’intime et l’épique avec une plume travaillée et soignée.
De son côté, Romain Delplancq, auteur du Sang des princes, travaille d’arrache-pied à son nouveau roman ; pas de date encore certaine, donc je vais éviter de me griller des cartouches du programme 2023 si jamais ! D’autant qu’un projet d’adaptation en jeu de rôle est en discussion, avec Romain à la baguette de la création, ce qui peut chambouler un peu les plannings.
Et j’espère enfin réussir à sortir notre première intégrale, destinée à remettre en avant – et en valeur – notre toute première parution, Iluvendan, un récit entremêlant fantasy et steampunk, un texte auquel nous tenons beaucoup. Cette intégrale revisitée par l’auteur et ornée d’illustrations devrait arriver dans le courant de l’année si tout se passe bien, notamment en matière de coûts de production… ce qui me permet de transitionner parfaitement avec la dernière question !

Enfin, quel sera votre plus grand défi pour cette nouvelle année ? (On songe notamment à la crise du papier.): Et donc, transition faite, si la situation liée à la crise du papier ne sera pas nécessairement notre défi no 1, il n’en reste pas moins un point qui va nous compliquer la vie, dans un contexte globalement déjà ardu, avec des gros qui deviennent toujours plus gros – quelle place restera-t-il pour les indépendants ? –, certains festivals qui prennent des directions totalement incompatibles avec la réalité du monde du livre pour la majorité des maisons d’édition.
Les hausses des coûts de fabrication vont être une question ardue à gérer, même si, du côté de HSN, et je sais qu’il en est de même pour mes camarades éditeurs & éditrices de l’imaginaire, nous ferons le maximum pour limiter l’impact sur les prix de vente des ouvrages, mais nous devrons plus que jamais compter sur le soutien et la compréhension de nos lectorats pour pouvoir traverser 2022 aussi sereinement que possible.
Mais je ne veux pas finir mes réponses à ces questions sur quelque chose de négatif, et je vais aborder aussi la facette des défis tournés vers l’avenir et le positif : nous comptons sur 2022 pour continuer à installer notre présence en librairie, mais aussi renforcer des partenariats solides qui se sont déjà mis en place, notamment autour des adaptations en BD de certains de nos titres chez Les Humanoïdes associés, ou encore des adaptations en jeu de rôle. Parvenir à toujours plus pousser chacun de nos titres, leur offrir la vie la plus large possible ; et pour cela, également renforcer notre communication et notre présence sur les réseaux sociaux, comme cela a déjà commencé il y a quelques mois à présent, avec notamment une community manager qui fait des étincelles ! Donc plein de choses à continuer à mettre en place et à creuser pour continuer à tracer le sillon qui anime maintenant L’Homme Sans Nom depuis bientôt 11 ans.

Propos recueillis et mis en forme par Emmanuel Chastellière.