Dévoilée en décembre dernier, la collection Territoires débarque au Fleuve Noir avec ces deux premiers titres dès le mois prochain.
A cette occasion, Bénédicte Lombardo, directrice de collection, a bien voulu répondre à nos questions concernant la ligne éditoriale de Territoires, sa création, ou le marché de la littérature Young Adult, très en vogue en ce moment.
Il s'agit en effet sans doute du segment le plus dynamique de l'édition dans le domaine qui nous intéresse.

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L'interview proprement dite

Quelles sont les origines de cette collection Young Adult ?

L’idée de la collection est venue d’un manuscrit. Celui de « Chat Blanc » de Holly Black. Je l’avais reçu en lecture ainsi que Pocket jeunesse qui avait publié sa série « Chroniques de Spiderwick ». Mes collègues chez Pocket jeunesse aimaient beaucoup le roman mais le trouvaient un peu trop adulte pour leur ligne éditoriale. De mon côté, je l’avais lu avec un immense plaisir mais cela me semblait trop jeunesse pour une publication au Fleuve Noir. Nous avions vraiment envie de garder l’auteur chez Univers Poche aussi avons-nous réfléchi à l’idée d’une collection « crossover », comme un pont entre la jeunesse et l’adulte pour les quelques titres qui entraient dans ce cas de figure.

Territoires... Pourquoi ce nom ?

Nous avons cherché un nom de collection qui pourrait recouvrir toutes sortes de littératures et qui ne soit pas trop segmentant : certains noms évoquaient la fantasy, d’autres la SF ou le fantastique, certains étaient jolis mais déjà pris, bref, Territoires a été évoqué, et hop, on s’est finalement décidé pour ce nom très ouvert, qui peut représenter divers aspects de la fiction, du thriller au fantastique en passant par la fantasy, la SF ou la littérature générale.

5 titres sont déjà prévus d'ici l'automne... Pouvez-vous revenir plus précisément sur les deux premiers ? Pourquoi les avoir retenus comme tête de pont ?

Pour Holly Black, voir question précédente ! Mais au-delà de l’attachement à l’auteur, j’ai aimé immédiatement l’ambiance de ce thriller paranormal, le petit côté Prohibition où ce n’est pas l’alcool mais la magie qui est interdite !
Quant à « Un Blog trop mortel » de Madeleine Roux, j’ai eu un coup de cœur pour cette histoire. Une jeune femme attachante qui survit au milieu des zombies en écrivant son blog, j’ai foncé ! Car, hum, oui, bon, j’adore les histoires de zombies même si je sais précisément depuis le temps que je lis ou regarde des films de zombies comment survivre en cas d’attaque…

Quelle part la fantasy occupera-t-elle à terme selon vous ?

Je n’en sais rien pour le moment. Je ne m’attache pas aux genres dans mes choix, plutôt aux histoires et aux persos. Dans le programme cette année, le seul titre qui relève de la fantasy classique est Mortilège de Blake Charlton (et sa suite l’année prochaine) car j’ai adoré le pitch comme on dit : dans un monde où la magie passe par l’écrit, être dyslexique pose de sérieux problèmes ! Ca m’a beaucoup amusée. Voilà un titre paru sur une liste adulte aux US mais qui m’a semblé plus approprié pour le rayon ados, j’ai pensé qu’il y serait mieux défendu et plus visible.

Le marché de l'édition Young Adult est en plein essor. Comment l'expliquez-vous ? Qu'est-ce qui plaît tant aux jeunes lecteurs ?

Ils ont la chance d’avoir une offre gigantesque et de qualité. Je me souviens (attention, moment nostalgie) de mes années collège, j’étais une boulimique de lectures mais je ne trouvais mon bonheur qu’au rayon adulte ; en jeunesse, la plupart des livres s’adressaient vraiment aux plus petits… Aujourd’hui, il semblerait que les lecteurs d’Harry Potter et leurs petits frères et sœurs se soient confortablement installés au rayon ado pour plusieurs années. Et le plus dingue c’est que leurs parents aussi ! Quand je vois à quel point l’imaginaire sous toutes ses formes a le vent en poupe, tant mieux ! Certes, la vague qu’on attendait au rayon SF et Fantasy adulte n’est pas vraiment arrivée mais après tout, l’essentiel est de faire lire un maximum de monde, c’est ce que fait le rayon jeunesse aujourd’hui, non ?

Sur quoi allez-vous vous appuyer pour asseoir l'identité de Territoires ? Le soin apporté aux traductions, l'apparence graphique ?

Avec très peu de titres par an, ce n’est pas si simple des s’imposer aussi je compte d’abord sur chacun des titres individuellement et non sur l’effet de masse ou l’effet collec. La ligne graphique est importante, les traductions, bien évidemment, et la façon dont on communique sur ces romans : à travers le web, super dynamique quand il s’agit de littérature jeunes adultes, il y a tant de bloggeurs (enfin, de bloggeuses surtout !) qui s’en donnent à cœur joie pour parler de leurs lectures, les sites, Facebook, la venue des auteurs dans les Salons (Jasper Fforde à St Malo par exemple) bref, je fais confiance à nos services qui ont l’expérience avec Pocket jeunesse qui publie tant de succès aujourd’hui !

Holly Black, Jasper Fforde... D'autres grands noms sont-ils appelés à rejoindre vos parutions ?

Eh bien, je l’espère ! Pour l’instant la collection a vocation à publier entre 5 et 8 titres par an alors je n’achète pas des zillions de titres et j’ai plusieurs premiers romans ou auteurs publiés pour la première fois en France. Les deux que vous citez, c’est déjà pas mal pour commencer une collection !

Enfin, pour conclure, pourriez-vous nous dire quelques mots de Mortilège, sans doute le titre le plus fantasy à venir ?

C’est un petit régal d’humour, de magie et de suspense. Qu’on ait été dyslexique (comme l’auteur) ou non, je crois que les lecteurs seront forcément charmés par Nicodème ! On sent que l’auteur s’est vraiment fait plaisir en mettant en scène un personnage très proche de lui tout en inventant un univers cohérent et un système de magie original.