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Pour les amateurs d’Alice au Pays des Merveilles !
Par Gillossen, le samedi 23 septembre 2006 à 16:14:39
Des amateurs fortunés... A l'heure où Arte rediffusait récemment le film de Walt Disney et où celui-ci est à l'honneur au Grand Palais, ce mois de septembre accueille une nouvelle édition du roman de Lewis Carroll (accompagné par De l'autre côté du miroir).
Ce qui en soit n'a rien d'exceptionnel, mais quelle édition, voyez plutôt ! A 171 euros, on pouvait espérer qu'elle fût de très haute qualité. Mais si jamais vous voilà tenté, notre partenaire FNAC.com permet cela dit le paiement en 5 ou 10 fois...
Les Éditions Diane de Selliers provoquent avec Alice au Pays des Merveilles et De l'autre côté du Miroir de Lewis Carroll illustrés par Pat Andrea une nouvelle rencontre artistique aussi audacieuse que réussie.
Souvent réduits à de simples livres pour enfants, malgré la reconnaissance des plus grands penseurs du xxe siècle : Antonin Artaud, Louis Aragon, Gilles Deleuze, Jacques Lacan, etc., les romans de Lewis Carroll s'érigent ici dans leur pleine valeur littéraire :
« L'oeuvre de Lewis Carroll a tout pour plaire au lecteur actuel : (...) des mots splendides, insolites, ésotériques ; des grilles, des codes et décodages ; (...) un contenu psychanalytique profond, un formalisme logique et linguistique exemplaire. Et par-delà le plaisir actuel quelque chose d'autre, un jeu du sens et du non-sens, un chaos-cosmos. », Gilles Deleuze.
Cette poétique du nonsense qui consiste en un démantèlement systématique du langage et de la logique consacre Lewis Carroll comme un précurseur du surréalisme. Son refus du réel tend à un culte de l'enfance aussi inspiré que révélateur. Le monde merveilleux de l'enfance et le monde réel des adultes se mêlent en une oeuvre hybride qui renvoie aux adultes une part d'eux-mêmes qu'ils ont occultée : « Cette petite Sibylle ne sait pas qu'elle est une des clairvoyantes du monde occidental. », Claude Roy.
Parcours de l'enfance à l'adolescence, les deux voyages d'Alice, au pays des merveilles et de l'autre côté du miroir, figurent une expérience initiatique essentielle à la construction et à la connaissance de soi. Cette publication du diptyque romanesque consacre l'inaltérable singularité et l'indéfectible lien des deux récits.
Que cette édition soit bilingue était aux yeux de Diane de Selliers une évidence. Elle rend ainsi accessibles au lecteur les intentions et subtilités de l'écriture de Lewis Carroll, riche en jeux de mots et en nonsenses. Soucieuse de l'articulation des textes anglais et français, la mise en page ondulatoire des deux versions initie une lecture dynamique et active, plus stimulante et attractive.
Alice appartient incontestablement au panthéon des mythes contemporains européens : « Alice est une mère des images. Elle mérite l'hommage d'une modernité dont elle reste l'une des figures tutélaires. », observe Marc Lambron dans la préface de l'ouvrage.
De la femme-enfant, mi-nymphette mi-pin-up, à la petite fille sagace et loquace, le personnage d'Alice a engendré une multitude d'avatars qui suggèrent la portée signifiante de l'héroïne carrollienne pour les artistes du xxe siècle (Le Cornet acoustique, Leonora Carrington ; Lolita, Vladimir Nabokov ; Alice en France, Raymond Queneau ; Alice, Woody Allen ; Alice dans les villes, Wim Wenders, les chansons de Serge Gainsbourg et des Beatles).
Si une pléthore d'illustrateurs - plus de deux cent cinquante, essentiellement pour enfants - se laissèrent fasciner par le monde d'Alice, une minorité d'artistes firent véritablement oeuvre en déployant à partir de cette prolifique source d'inspiration leur propre imaginaire. On citera Max Ernst, Salvador Dali ou Pierre Alechinsky.
Or, s'agissant de Pat Andrea, Diane de Selliers décela combien l'archétype féminin d'Alice obsédait l'inconscient artistique de l'artiste. Elle reconnut dans l'oeuvre du peintre néerlandais de réelles affinités et analogies avec l'univers de l'écrivain anglais.
Fort d'une oeuvre que d'aucuns comparent à celles de Balthus ou de Bacon et qui lui vaut d'être qualifié de « maître du déséquilibre » ou d'« impressionniste psychique », Pat Andrea qualifie ainsi cette collaboration éditoriale comme « un des plus beaux projets de sa vie ».
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