Dans un très bon article du Times Online, miroir du documentaire qui lui sera consacré la semaine prochaine et la suivante à la BBC, documentaire qui l'a suivi durant des mois dans son parcours face à la maladie d'Alzheimer.
Et pas de doute, l'auteur des Annales du Disque-Monde est remonté comme une pendule et ne mâche pas ses mots : notre culture actuelle, les journalistes, la recherche, les fausses polémiques autour d'Harry Potter, la condition d'auteur de fantasy enfermé dans ce carcan... Terry Pratchett ne semble reculer devant aucun sujet. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le franc parler, ça fait du bien parfois.
Je suis tout simplement Terry Pratchett, le malade. Tout cela fait partie de notre culture moderne. Nous aimons que les gens soient malades, parce qu'ainsi, nous pouvons les plaindre. Et donc, logiquement, pas de film en vue sur sa maladie. Non. Je crois que trois chercheurs différents m'ont écrit pour me demander si je pouvais les aider avec l'analyse de mon style à mesure que la maladie progresse. Je leur ai répondu que ce que j'aime chez les vautours, c'est qu'ils attendent que leur proie soit morte. Je ne pouvais tout simplement pas croire qu'ils m'aient demandé ça.
Rob, l'assistant de Pratchett qui se révèle au fil du documentaire son meilleur ami, confirme cependant que l'auteur a toujours eu un caractère difficile, mais également exaltant pour les autres. Durant 90 minutes, on découvre un Terry Pratchett offensif, qui, en tant qu'ancien journaliste, connait leur astuces et détecte leurs pièges quant il est question de l'entraîner sur des terrains minés. Comme je me tiens au courant des ventes, je savais que Harry Potter était un phénomène sur le marché de la littérature jeunesse longtemps avant que les journalistes ne le remarquent. Et puis je me souviens avoir lu un article qui disait "N'est-ce pas incroyable de voir ces petits dragons miniatures comme animaux de compagnie ?" Et j'ai pensé : "En fait, ils sont plutôt courants." Je dois faire très très attention à ce sujet. Je ne vois pas d'inconvénient à ce que J.K. Rowling les utilise. Elle met aussi en scène des elfes, des licornes et des magiciens. Comme moi. Comme tout le monde. Ce serait comme reprocher à quelqu'un qui écrit un roman policier d'utiliser des policiers. L'auteur reçut même des lettres de fans américains, moins ces temps-ci, qui l'accusait d'avoir plagié les Harry Potter. Et quand un journal monta de toutes pièces un conflit entre les deux auteurs, Prachett reçut même des menaces de mort. Des e-mails. Et vraiment stupides. En fait, Rowling et lui se sont depuis rencontrés et s'entendent bien.
En fait, deux auteurs de fantasy. Et justement... Selon lui, l'étiquette fantasy est lourde à porter. Même si vous êtes capables d'écrire des choses très littéraires, tel un Brian Aldiss, on vous ramène toujours à ce statut. Mes romans ont des couvertures gaies et je suis un écrivain de fantasy humouristique. C'est comme ça que j'ai commencé et c'est ce que je suis encore, je crois.
Et l'humour est toujours présent chez Terry Pratchett, plus que les regrets, comme celui de ne pas vivre assez longtemps pour s'habiller en beige comme les personnages âgées quand ils vont faire un tour au supermarché. S'il y a quelque chose de pire que de savoir qu'il n'y a pas de traitement, c'est de savoir que celui-ci arrivera 6 mois après votre mort, déclare-t-il encore. Curieusement, quand je regarde au fond de moi, je n'ai pas peur. Mes seuls regrets sont de laisser derrière moi ceux que j'aime. Qui n'éprouverait pas la même chose ? Mais ce n'est pas la même chose que de la peur.

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