Et voilà une autre sortie fantasy « majeure » de l’année parue l'an passé aux États-Unis, encore une fois un premier roman, signé dans le cas présent par le nouveau venu Col Buchanan.
Commençons par le commencement : après une scène d’introduction fort bien troussée, il faut un bon moment avant que le lecteur retrouve un fil d’intrigue suffisamment solide pour l’emporter totalement dans l’histoire. À la décharge de l’auteur (encore que...), son univers de mécréants et de personnages souvent veules n’a finalement plus grand-chose d’original en lui-même. On en vient naturellement à s’attacher au jeune Nico, dont le parcours initiatique censé le transformer en assassin n’a lui aussi pas grand-chose de neuf à offrir. Certaines scènes sonnent même comme des passages obligés auxquels il était visiblement impossible d’échapper au fil des pages.
Finalement, c’est à se demander ce que l’on pourrait bien lui trouver dans ce cas ? Mais l’auteur peut donc toujours compter sur sa plume, agile et souvent mordante, de même que sur quelques concepts bien maîtrisés, comme l’ordre du R?shun et l’Empire de Mann, aux us et coutumes très... particuliers. Les forces en présence sont donc brossées avec soin et une fois l'histoire véritablement lancée, difficile de prétendre qu'elle s’attarde en cours de route.
Mise en valeur avec une certaine maîtrise et évitant de tomber dans les écueils de la surenchère, l’histoire de ce Farlander s’avère au final, non pas une bonne surprise, mais un récit solidement bâti, très classique (et sans doute même trop, il faut le dire), certes, par certains aspects, mais ne se moquant jamais de son public.
Dans la veine du « renouveau » de la fantasy épique loin des standards à la Jordan ou à la Eddings en vogue depuis trois ou quatre ans maintenant outre-Atlantique, nul doute que ce roman trouvera sans doute facilement un public. Reste toutefois à espérer que l’auteur saura aller plus loin par la suite afin de se forger une personnalité plus affirmée, au-delà du ton.
Il devient parfois de plus en plus ardu d’identifier de véritables « voix » derrière les concepts et l’ambiance que l’on retrouve de roman en roman dans cette mouvance censée pourtant bousculer les codes.
À tester avant d’adopter !
En mars dernier, au moment de la parution originale de cette chronique, l'auteur lui-même avait annoncé sur son site officiel que Farlander avait été acquis pour la France, sans préciser l'éditeur. Apparemment, la bataille avait été rude. On sait désormais qu'il était question de Bragelonne, puisque le roman constitue même son coup de cœur de l'année. Mais si le roman ne démérite pas, nous sommes loin d'un Nom du vent ou bien de Lamentation, certes tous les deux dans un registre différent.
— Gillossen