Après plusieurs années d’absence, Claire Panier-Alix revient à la fantasy avec ce Sang d’Irah, déjà paru en 2005 chez Nestiveqnen.
Le roman revient aujourd’hui en librairies par le biais du Pré aux clercs, sous une nouvelle présentation. Et l’occasion pour nous d’une séance de rattrapage après avoir raté le coche il y a cinq ans.
Évidemment, les lecteurs qui se souviennent des Chroniques insulaires ne seront pas dépaysés ici. En bien comme en mal. La trilogie initiale de l’auteur avait le mérite de l’ambition sur le plan formel, mais le récit et les personnages se retrouvaient bien vite étouffés par le poids de sa plume, où la poésie et le lyrisme le disputaient à l’ennui. C’est encore le cas ici, malheureusement.
Et le verdict est donc à quitte ou double. Soit le lecteur tombera rapidement sous le charme, mettant aussi de côté le classicisme de l’ensemble, et des personnages somme toute trop vite figés dans leur rôle d’archétype (malgré une réelle profondeur par ailleurs), soit il restera totalement hermétique au style de Claire Panier-Alix, au point de renoncer à se piquer de curiosité.
Faudrait-il vraiment le regretter ?
S’il est difficile de mettre en doute l’application de l’auteur (à l’image de tous les à-côtés que proposent le livre et qui enrichissent la fresque mais pas le récit proprement dit, malheureusement), il faut donc persévérer pour tenter de voir s’animer une histoire qui demeure trop souvent prisonnière de son carcan, à l’univers manquant étrangement de personnalité car demeurant sagement dans le cadre des caractéristiques communes à la plus grande partie des récits de fantasy épique que l’on découvre à longueur d’année.
Il ne s’agit pas de critiquer le classicisme en tant que tel ; comme le veut l’adage, c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleurs soupes et ce n’est pas un amateur du Cycle d'Ea de David Zindell, comme votre serviteur, qui prétendra le contraire. Mais si Le Sang d’Irah ne convainc pas, c’est avant tout parce qu’il ne parvient pas à nous toucher et à déclencher le souffle épique qui devrait parcourir tout bon récit de ce genre, au-delà des mots.
Un essai qui reste donc encore à confirmer.
— Gillossen