La trilogie du Cœur de Gemme se conclut aujourd'hui avec ce troisième et tome et il faut bien dire que les deux premiers n'ont peut-être pas rencontré le succès qu'ils méritaient, du moins par rapport à d'autres productions du genre.
Mais, gros volumes vendus 25 euros, certains lecteurs potentiels ont peut-être reculé devant ce constat, la trilogie n'étant pas plus mise en avant que cela par Bragelonne après tout de même des épreuves non corrigées pour le premier volume.
Pourtant, à l'image de cet épilogue, les romans de Giles Carwyn et Todd Fahnestock ne déméritent pas. Dans la droite ligne des deux premiers, les deux personnages principaux sont confrontés à de véritables dilemmes moraux et personnels, et le lecteur y croit. La reine de l'oubli a également le bon goût de ne pas traîner en chemin, une fois les premiers chapitres derrière nous.
Malheureusement, à mesure que le final approche, les longueurs se font sentir et la platitude de certains protagonistes ressurgit, pour ne pas dire qu'elle nous saute aux yeux. A croire que les deux auteurs rechignaient à aborder une conclusion que l'on sent pourtant venir de loin, quitte à nous infliger donc des détours superflus. Ils essaient même de combler au passage certaines sous-intrigues dont on avait perdu de vue l'existence, voire l'intérêt réel.
Les deux premiers tomes s'étaient distingués par une certaine âpreté dans le traitement de la violence et des relations humaines, toujours présente ici, mais à un degré moindre. L'intrigue prend même quelques accents hollywoodiens, dans le mauvais sens du terme, avec des scènes auxquelles on n'était pas forcément habitué ici, qui semblent sortir tout droit d'un soap de mauvaise facture.
A l'heure de juger de la trilogie dans son ensemble et notamment donc à l'aune de ce troisième tome, force est de constater que l'univers et le choix du ton auront su finalement nous séduire, malgré des réserves initiales dans ce domaine. Mais il se trouve qu'il n'en va pas de même de l'intrigue globale sur la longueur ou des personnages, pas aussi denses qu'on ne l'avait cru.
Toutefois, Le Cœur de Gemme conserve une touche de singularité qui lui permet de se distinguer de la masse. C'est sans doute trop peu pour pouvoir s'imposer comme une lecture mémorable à laquelle on repensera avec plaisir dans quelques années, mais vous ne vous demanderez pas non plus comment vous avez pu lire ça en rangeant votre bibliothèque !
— Gillossen