Si vous avez aimé Les Mangeurs de Rêves… Vous adorerez la suite ! Voici une formule banale pour un roman qui ne l’est guère. Mais difficile d’aborder ce roman autrement qu’en tant que suite.
On retrouve en effet notre trio de « héros » de même que le ton faussement pastiche de l’auteur (cette fois, on songe parfois à Conan Doyle plutôt qu’au Londres d’un Charles Dickens alternatif), qui prend visiblement un réel plaisir à plonger ses personnages dans de nouveaux ennuis. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ceux-ci sont nombreux !
Là se cache peut-être le défaut le plus gênant du roman de Gordon Dahlquist : l’auteur semble avoir voulu éviter à tout prix le moindre risque de redite, et pour se faire, multiplie les personnages et les rebondissements, au point que le lecteur se retrouve de son côté pour ainsi dire pris de vertige. Fallait-il vraiment en faire autant ? Certaines motivations, pour ne donner qu’un exemple, du côté des Némésis de notre trio, ne sont ainsi pas toujours très claires. Le mieux est trop souvent l’ennemi du bien (deuxième poncif, à votre service !).
Mais, l’auteur défriche aussi le chemin de son intrigue bien plus vite que dans le premier tome, histoire de contrebalancer la remarque précédente.
De fait, avec un peu plus de 500 pages au compteur, ce deuxième tome, qui n’hésite d’ailleurs pas au passage à verser dans une certaine noirceur, parvient de même à éviter les quelques longueurs du premier. Les pages se tournent, se dévorent, et la certitude d’un instant finit fréquemment balayée quelques pages plus loin.
Porté par des dialogues et des situations toujours aussi savoureux, ne négligeant pas les surprises, à l’image d’ailleurs de la conclusion de l’ouvrage, Gordon Dahlquist a su éviter l’écueil de la suite, dont on se demande souvent à quoi elle peut bien concrètement servir.
Avec les mêmes ingrédients, peut-être un peu trop abondants, mais mieux assaisonnés, l’auteur nous brosse de la bien belle ouvrage, qui ne risque pas de décevoir ceux qui avaient succombé précédemment à cette prose.
Vivement la traduction française !
— Gillossen