Si tous les romans des éditions Super 8 ne peuvent finir chroniqués ici, ceux qui le sont se distinguent en général par un statut tout particulier, voire en prime une très bonne note.
C'est encore le cas cette fois, et toujours grâce à une utilisation astucieuse des codes du genre et de ses références. L'auteur, Edgar Cantaro, fait preuve d'une certaine inventivité dans sa narration qui apporte un vrai plus tout en brouillant un temps les cartes. Certes, comme souvent dans ce genre de romans, le côté pince-sans-rire peut dominer un peu trop tout le reste (notamment la profondeur toute relative des personnages, même si ce n'est pas ce que l'on cherche dans le cas présent après tout), tandis qu'utiliser des retranscriptions de vidéos de caméras de surveillance possède malgré tout une dimension gadget - qu'on le veuille ou non -, mais le mélange se fait avec un certain bonheur, pour ne pas dire avec une certaine bonne humeur.
Il faut dire que le tout procure une dimension véritablement ludique à cet ouvrage, quitte à fermer les yeux sur certains points. On se demande par exemple si l'on écrirait vraiment des lettres comme le fait A., c'est à dire rédigées de façon tout de même fort proche d'extraits de roman tout à fait classiques ! Mais c'est aussi l'occasion de se retrouver au plus près des personnages.
Quoi qu'il en soit, on se prend vite au jeu de cette drôle d'enquête et ce dès les premières pages. La maison est-elle vraiment hantée ? Pourquoi la cambrioler ? Où est passé ce fichu majordome ? Bref, des questions qui pourraient presque se poser dans le cadre d'un jeu de plateau où les joueurs s'associent contre les mécaniques du jeu ! Et en parlant de ça, c'est justement un vrai jeu de piste qui se déploie de chapitre en chapitre, s'amusant des conventions de la littérature gothique, de nos propres repères, des clichés que l'on a parfois du mal à dépasser, pour mieux nous surprendre.
Car l'auteur est malin. Si les codes secrets ne vous rebutent pas et si vous êtes prêts à vous retrouver pris de court au moindre détour - mais comment classer ce roman ? Il n'est pas question d'horreur, de fantômes ou de pseudo-thriller - n'hésitez pas à plonger. Le tourbillon devrait vous entraîner jusqu'au bout d'une histoire dont la conclusion, si évidente après coup, arrive tout de même de manière fort abrupte, dans tous les sens du terme d'ailleurs.
On s'attache à Niamh (un sacré personnage mine de rien !), on s'amuse du détachement de A., de cette ambiance années 90, mais rentrer plus avant dans le récit proprement dit risquerait de vous en gâcher une partie... car difficile de vraiment aborder l'histoire sans lever le voile sur une partie de l'intérêt du roman qui repose justement largement sur cette dimension enquête... si légère... à première vue.
Premier roman de l'auteur, il nous fait d'ores et déjà attendre le suivant avec une impatience certaine !
— Gillossen