Ursula Kroeber Le Guin ?
Ce nom vous est peut-être familier et pour cause, l'auteure américaine âgée de 87 ans maintenant a raflé tous les prix parmi les plus prestigieux visant à récompenser les œuvres issues des littératures de l'imaginaire aux Etats-Unis. Nouvelliste et romancière reconnue à qui ont doit le cycle de "Terremer" ou encore le cycle de "L'Ekumen" composé notamment de deux de ses plus célèbres romans, "La main gauche de la nuit" ainsi que les "Dépossédés".
Si Ursula K. Le Guin est une écrivaine connue et reconnue, elle est également une véritable ambassadrice et une ardente défenseuse des littératures qui ont fait son succès. En témoigne l'objet de ces quelques lignes, Le langage de la nuit, essais sur la science-fiction et la fantasy par Ursula K. Le Guin aux éditions aux Forges de Vulcain. L'ouvrage est préfacé par Martin Winckler, médecin, romancier, essayiste et enfin critique, passionné par le travail de l'auteure, mais avant tout par la femme qu'elle est. En 10 chapitres et 142 pages, nous allons pouvoir découvrir ou redécouvrir une théoricienne de grand talent.
Tour à tour, elle aborde des thèmes comme "Le mythe et archétype en science-fiction", "Pourquoi les américains ont-ils peur des dragons ?", autrement dit, comment la fantasy est-elle perçue au Etats-Unis. J'ai particulièrement apprécié un chapitre intitulé, "L'enfant et l'ombre" qui nous laisse entrevoir toute la finesse et la subtilité psychologique de l'écrivaine. Par ailleurs, Ursula K. Le Guin est fortement inspirée par le fondateur de la psychologie analytique, Carl Gustav Jung, qu'elle évoque souvent, et dans un autre registre deux auteurs qu'elle affectionne particulièrement Tolkien et Lord Dunsany.
Le langage de la nuit est un essai qui nous éclaire sur la personnalité lumineuse et profondément humaine de l'écrivaine, mais également une belle réponse à tous ceux et celles qui pensent encore que les littératures de l'imaginaire sont à ranger dans une case à part entière. Il se pourrait bien que vous ne soyez pas forcément en accord avec tout ce qu'elle dit, ce qui est mon cas, mais il se pourrait surtout qu'après vous ayez envie si ce n'est pas déjà fait de lire du Ursula K. Le Guin. Une femme qui parle avant tout avec le cœur et avec passion, qui défend comme une mère ses petits, ses idées.
Une lecture forte, permettant tour à tour de s’interroger, non seulement sur l'importance si ce n'est l'essentialité des littératures de l'imaginaire, mais également sur nos attentes en tant que lecteurs. "Après tout, lorsque la fantasy dit vrai, rien n'est plus vrai", comme le dit très justement Ursula K. Le Guin.
— Tzeentch