La vue de la fenêtre de John Dowson donne sur un chef-d'œuvre miniature.
Elle révèle Venise dans sa décrépitude ; La brique rose tendre et les eaux de jade toujours changeantes d'un canal mineur. Mais un matin la composition est entachée par une vieille veste drapée négligemment sur les grilles de fer du balcon.
Cette altération presque insignifiante de l'ordre parfait de la vie de Dowson est juste le premier de nombreux changements qui deviennent plus profonds au fil des jours.
Novella située à Venise (?), The Stones are Singing est donc un texte relativement court mais diablement prenant.
Explorant avec un certain bonheur les réalités alternatives et leurs chemins croisés, le récit de R.B. Russell, connu pour ses histoires d'horreur ou son implication dans Tartarus Press en tant qu'éditeur, peut de plus compter sur une plume efficace, d'autant plus importante si le texte est bref, en tout cas, de notre humble point de vue. Si l'on ajoute en prime une pointe de frisson, on obtient un cocktail des plus savoureux.
Il faut dire que son sens de l'étrange se marie parfaitement avec son cadre vénitien, où chaque détour peut vous entraîner sur une fausse piste. Mais le texte n'est pas seulement "malin", il affiche un propos vraiment intelligent, qui pousse le lecteur à la réflexion. Encore une fois, ce n'est finalement pas si courant.
Malgré la brièveté du texte (moins de 160 pages finalement), on pourrait en parler encore longtemps et c'est en général bon signe. Mais on préférera s'en tenir là, histoire justement de ne pas entrer dans le vif du sujet en risquant de lever le voile sur tel ou tel élément d'importance.
En tout cas, si vous êtes prêts à tenter l'expérience, on vous le recommande chaudement.