Tous les noms qu'ils donnaient à Dieu est un recueil de nouvelles publié dans la collection Terres d'Amérique d'Albin Michel, donc pas franchement une collection dédiée à l'Imaginaire et pourtant... la plupart des textes réunis ici s'y rapportent largement, au bout du compte. On connait aussi la qualité de cette collection, une qualité pour le coup bien présente.
L'ouvrage d'Anjali Sachdeva renoue avec la tradition des recueils de nouvelles traditionnels et non des fix-ups, qui eux offrent aux lecteurs des récits se déroulant dans une unité de lieu et/ou de temps, ou du moins avec toujours le même cadre. Autrement dit, ici, tous les textes regroupés à cette occasion sont bien différents et n'ont aucun lien entre eux. Les histoires se déroulent ainsi à des époques et dans des lieux variés, formant un mélange intéressant, souvent intrigant. Un certain nombre d'entre elles s'avancent aussi dans le temps (ou les genres), donc n'imaginez pas un recueil teinté disons de fantastique pur de bout en bout. Fantasy, Science-Fiction, Horreur, même, pourquoi pas... Le trouble est en tout cas toujours présent. Que l'on se retrouve à l'époque des pionniers, au Nigéria ou en compagnie d'un pêcheur rencontrant une sirène.
Deux ingrédients très importants pour une nouvelle - à mon humble avis - sont la conclusion d'une histoire qu'il faut savoir présenter de façon concise et les personnages, à qui là encore il faut savoir donner vie en quelques pages, voire quelques lignes. Mission réussie dans les deux cas pour l'autrice avec Tous les noms qu'ils donnaient à Dieu. Une (bonne) nouvelle fait également souvent ressortir les qualités de plume de sa créatrice ou son créateur.
Je dois reconnaître à ce sujet que la toute première nouvelle m'avait laissé un petit peu sur ma faim, notamment à travers une scène d'exploration de grotte présentée comme très dangereuse et qui manquait clairement de tension à mon sens. Mais cette impression se dissipe au bout de quelques pages seulement : Sachdeva possède un style affirmé et sans fioriture, qui va au-delà de l'efficacité pure, sans trop en faire pour autant. Il faut juste s'y habituer, ce qui ne demande guère d'efforts.
Une fois refermé, on garde un excellent souvenir de ce recueil, qui fait partie de ces ouvrages dont on se dit qu'ils ont su nous apporter quelque chose de plus, un soupçon d'âme et de caractère qui contribue à entretenir le goût de la découverte de nouvelles plumes, qu'importe les déceptions ou les mauvaises surprises en cours de route.
Et ce n'est pas toujours le cas...
— Gillossen