Après le succès d'une transposition en bande dessinée d'Elric, il semblait logique que les éditions Glénat ambitionne de réitérer ledit succès avec un autre Champion Eternel de Michael Moorcock.
Et parmi ceux-ci, pourquoi ne pas justement choisir Hawkmoon, peut-être le plus "BD" dans l'esprit de tous ? Il faut dire que si les romans de ce cycle sont inégaux - comme dans le cas d'Elric, cela dit - l'univers créé par le vénérable auteur anglais, avec son Europe post-apo, ses grands méchants masqués, sa magie et ses rebondissements à foison, se prête particulièrement bien à une adaptation.
Hawkmoon, ce sont des visions dantesques (la première apparition de l'empreur des Granbretons, tout de même !) mais surtout beaucoup d'action. Le duc de Köln se révélant nettement moins mélancolique ou enclin à se perdre dans ses pensées qu'un Elric ou un Corum. Voilà ce que l'on retrouve parfaitement incarné dans ce premier album, qui donne vie à ce décor de fresques, nimbé d'une esthétique plus ou moins steam ou dieselpunk, dirons-nous. Et même si dans ce tome, le comte Airain tout comme le baron Méliadus occupent la plus grande partie du terrain, avec un bémol au sujet du baron. "Méchant" ultime du cycle, il n'est guère charismatique dans son apparence, ni incroyablement pervers ou odieux dans son comportement. Il agit en simple antagoniste sans grand relief. C'est un constat regrettable, surtout quand on a encore les romans de Moorcock en tête des années après lecture essentiellement grâce à ce personnage.
Le Joyau Noir, fidèle à son modèle, constitue avant tout une introduction à l'univers, alors que la grande histoire de Dorian Hawkmoon débute à peine une fois le lecteur arrivé à la dernière planche. Mais c'est toutefois une introduction plaisante et bien menée, à défaut de se révéler des plus haletantes.
Sur le plan graphique, Poli et Dellac nous livrent un album là aussi convaincant (si ce n'est donc ce regret concernant le Baron) si ce n'est sans surprise, à l'image de l'adaptation proprement dite.
Ce qui ne signifie pas qu'elle ne mérite pas un coup d'œil, et même deux !
— Gillossen