Derniers jours d'u monde oublié avait constitué une belle surprise personnelle, qui s'était confirmé d'ailleurs à l'échelle du site tout entier avec un prix Elbakin.net du meilleur roman en 2021.
Du thé pour les fantômes est le deuxième roman de Chris Vuklisevic, cette fois directement en grand format chez Lunes d'encre. Et tout d'abord, une petite mise au point : lorsque j'ai découvert la très jolie couverture de Cécilia Leroux et le titre de cette histoire, mon esprit a tout de suite imaginé un récit victorien, en tout cas, peu actuel et très anglais. Autant dire que découvrir un récit, en partie, ancré à notre époque ou peu s'en faut et dans une ambiance très provençale m'a désarçonné le temps de quelques chapitres.
Le roman lui-même n'hésite pas à nous prendre par la main pour mieux nous entraîner sur des chemins de traverse un peu plus loin. Ne sont-ils pas souvent, cela dit, parmi les plus intéressants à arpenter ? Contrairement aux interrogations mises en avant en quatrième de couverture, ce ne sont pas forcément le suspense ou le mystère seuls qui nous poussent à avancer.
Du thé pour les fantômes est aussi une histoire pleine de failles et de creux, les failles des âmes, des non-dits, des regrets ou des secrets. Ces failles donnent l'occasion au récit de démontrer que si certaines demeurent impossibles à réparer, on peut aussi en tirer quelque chose de nouveau, et de beau. Même si la chose exige bien entendu des efforts.
La plume de l'autrice, toujours aussi vive, alterne les niveaux de langage selon ses personnages, entre faconde du Sud ou images empreintes d'une poésie fragile. Pour peu que l'on soit sensible au premier point, le tout sonne juste, à l'image du final.
Pour son retour à l'imaginaire après un premier essai convaincant, Chris Vuklisevic nous propose un roman de "cosy fantastic", proche effectivement du réalisme magique comme l'annonce son éditeur, et surtout une histoire de famille(s) à même de s'adresser à tout un chacun.
Le titre arrive en librairie le 3 mai.
— Gillossen