Le nouvel opus de Margaret Killjoy paru en France est aussi la deuxième novella de la collection RéciFs chez Argyll. Saluons à nouveau le travail graphique d’Anouck Faure, qui en fera bien vite une collection installée en librairie. Là où Mu Ming n’avait encore jamais été traduite en France, Margaret Killjoy est connue du lectorat français. C’est déjà chez Argyll que nous pouvions retrouver Un pays de fantômes, roman qui a eu une belle vie en librairie (paru en poche chez Pocket en avril 2024).
Loin de l’ambiance du Bracelet de jade, L’agneau égorgera le lion nous propose une aventure pulp dans une Amérique profonde où tous les personnages sont punk et queer, n’en déplaise aux fachos.
Danielle Cain arrive à Freedom (Iowa), à la recherche de réponses quant à la mort soudaine de son meilleur ami. Elle y rencontre une communauté particulière, anarchiste, autosuffisante, et pleine d’obscurité.
Uliksi, esprit invoqué par les habitant·es de Freedom pour les protéger de leurs ennemis, s’est retourné contre elleux depuis peu et il n’est pas rare de trouver un·e habitant·e mort·e au petit matin.
On retrouve, dans cette novella, le même principe que dans le premier roman de l’autrice : la rencontre entre le/la protagoniste et une communauté anarchiste, la découverte des façons de faire, de l’entraide, de l’autosuffisance, etc… Malheureusement, contrairement à Un pays de fantômes, L’agneau égorgera le lion souffre de son format.
En 120 pages, il est compliqué d’apporter nuance et subtilité au propos anarchiste, surtout quand il faut aussi faire avancer une intrigue aux multiples rebondissements. Les descriptions de lieu ou de personnages sont sommaires, voire inexistantes. Bien souvent, l’on se contente de décrire un personnage comme punk sans en développer les raisons. Peut-être n’est-ce pas le plus important, mais cette omission ne permet pas de donner une profondeur aux protagonistes.
Le rythme, quant à lui, est assez bien maîtrisé, permettant aux pages de se tourner sans qu’il n’y paraisse. Il y a un aspect feuilletonnant qui n’est pas pour déplaire. Alors certes, cela manque peut-être de vraie ambition narrative, il n’en reste pas moins que l’on passe un chouette moment de lecture aux côtés des habitant·es de Freedom. Le deuxième volume de la série paraît en novembre. Les morts posséderont la terre permettra sûrement à la saga de prendre plus d’ampleur.
— docka