Voilà un roman qui était finalement plutôt attendu, n'était-ce que parce que le premier tome de cette trilogie en devenir nous avait laissé sur une impression mitigée.
Eh bien, une chose est sûre : il se révèle supérieur au précédent, plus affirmé dans bien des domaines. Tout d'abord, les penchants masochistes de Mantii, l'héroïne, sont désormais clairement revendiqués : pour elle, la douleur représente une part intégrante de son plaisir, et tous les lecteurs ne vont évidemment pas se retrouver dans cette notion.
Ce qui rend d'autant plus bienvenu le fait que cette fois, la narration est éclatée en différents points de vue. Et autant dire que la sœur de Mantii, Ydelle, lui vole rapidement la vedette, ses réactions beaucoup plus naturelles (attendues ?) provoquant une empathie toute autre à son égard.
L'auteur se permet même quelques fausses pistes, au caractère trompeur par rapport à ce que l'on pourrait s'imaginer en lisant la 4eme de couverture. Certaines choses sont traitées rapidement après avoir été plutôt occultées, ou inversement. Ce qui n'est pas forcément un défaut, certes... Le récit lui-même se suit donc de façon plus prenante que dans le premier tome, ses 250 pages se lisant très (trop ?) rapidement.
Sur le plan du style, les choses se montrent également plus fluides, voire même évoluées. Bien que l'on n'échappe pas ici ou là à une formulation hésitante. Reste que l'érotisme toujours autant mis en avant ne se fait guère plus présent. Pas une seule "grande scène" par exemple, incarnant un moment fort, mais des bribes sans que jamais l'intérêt ne soit manifeste. Malgré la visite d'une ville aussi incongrue que Longalen, et son mode de vie entièrement bâti sur les jeux sexuels par exemple, rarement le lecteur ne se sent titillé. Et c'est souvent à ces moments-là que l'on assiste aux fameux contre-pieds de l'auteur évoqués plus haut, comme avec les intriguantes Orfalines, Amazones de ce monde. Peur d'assumer ce statut erotic fantasy ? On a pourtant peine à le croire. Toujours est-il que si l'histoire se suit sans réelle difficulté, la chair est encore loin d'être aussi présente qu'on se l'imaginait.
— Gillossen